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03 mars 2024
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HISTOIRES VRAIES

 

C'est l'histoire d'un mec.....

ou plus exactement un recueil d'histoires de mecs, ceux qui ont un jour provoqué l'hilarité par une réflexion, un geste, un gag. Je vous en livrerai une de temps en temps en espérant qu'elles vous auront amusé.

 

LES HISTOIRES DE L’ADC JACKY

Dans ma carrière militaire, au cours de mes mutations successives, j’ai eu l’occasion de côtoyer beaucoup de personnes au caractère très varié. des humbles aux forts en gu…
C’est un de ces dernier dont je vais raconter quelques aventures : l’adjudant chef Jacky. Bien sur, ce n’est pas son vrai nom, ne sachant pas ce qu’il est devenu, je conserverai donc son anonymat. Ces événements se déroulent au milieu de la décennie 60, sur la base de Salon de Provence. L’adc Jacky était pilote au 4eme escadron, un escadron où les pilotes faisaient tout sauf du monitorat. Quand je l’ai connu il venait de terminer son tour d’opération à la Patrouille de France. Sa parfaite connaissance du Fouga l’avait désigné pour, entr’autre, faire tous les vols de sortie de visite périodique et les vols après dépannage (eh oui, cela se pratiquait à cette époque) Il était connu sur la base comme le loup blanc : LE briscard en somme.

LES APÉROS

Voici donc comment je l’ai connu. Jeune sergent sorti fraîchement de Rochefort avec un brevet de mécanicien radio bord, je suis affecté à l’atelier radio du GERMaS /GEP de la BE 701 de Salon. Quelques jours après mon arrivée, un des ancien de l’atelier organise un « yellow time » pour je ne sais plus quelle occasion, était-ce pour la naissance du petit dernier, à l’occasion de l’achat d’une nouvelle voiture …. Toujours est-il que vers 11H30, alors que nous étions en train de discuter entre nous environné de vapeurs de fenouil, la porte de l’atelier s’entrouvre, un visage buriné apparaît. Les conversations stoppent net et on entend une voix grave demander :
»Vous n’auriez pas vu l’adjudant Dupont ? »
L’organisateur du pot reprenant les commandes, cria d’une voix tonitruante
« Entrez m'n adjudant chef ! venez boire un coup ! j’arrose…»
L’invité ne se fit pas prier et sauta sur un verre. Visiblement la recherche de l’adjudant ne faisait plus partie de ses projets à court et moyen termes si tentés que ces projets eussent existés. Je fis part de mon étonnement à un collègue qui me répondit

" Lui, tu ne le connais pas ? c’est l’adjudant chef Jacky …….il s’invite à tous les pots organisés dans les hangars ! "
Et après quelques mois de présence, je fus obligé de constater que mon collègue avait raison. Par contre, contrairement à ce que l’on pouvait penser, Jacky n’avait aucune addiction à l’alcool, j’ai pu le vérifier assez tôt.

La prochaine fois, je vous raconterai comment Jacky fumait en vol

 

JACKY ET LES GAULOISES VOLANTES

Gros fumeur devant l’éternel , Jacky ne partait jamais en vol sans son paquet de gauloises et sans son briquet. C’était encore l’époque où on volait sans masque à oxygène et sans gants. Pour la radio, on avait tous un laryngophone attaché autour du cou. J’ai fait plusieurs vols en place arrière avec Jacky et plusieurs fois pendant un vol qui durait entre une heure et une heure et demi, je le voyais allumer une cigarette et bien sûr, la cabine empestait le tabac. De temps en temps, je ressentais une décompression cabine assez brutale, sans me soucier plus que de mesure; il est vrai que dans le Fouga, des phénomènes curieux apparaissaient de temps à autre comme, par exemple, de la glace qui vous giclait entre les pieds après le décollage….Donc décompression. Après le vol j’allais examiner la place avant : je cherchais les mégots, et à chaque fois : RIEN ce qui entraînait la question récurrente « où met-il ses mégots ? » Et un jour, ce fut la révélation. Sur la paroi droite de l’avion, au-dessus de la banquette radio, il y a une écope que l’on peut ouvrir même en vol, et c’est là que j’ai découvert des traces de cendres de cigarette. J’ai donc compris que Jacky écrasait ses mégots dans la prise d’air, puis l’ouvrait ce qui provoquait la fameuse décompression et le mégot quittait l’avion grâce à la pressurisation.. .. Comme on volait souvent au-dessus du Lubéron, on pourrait peut-être expliquer certains incendies de forêt …

La prochaine fois, je vous parlerai de la 4CV de Jacky

LA 4CV DE JACKY

Tous les matins, Jacky garait sa 4 CV devant l’entrée du hangar où je travaillais. Il habitait à environ 25 Km de la base. Je n’avais jamais remarqué cette voiture jusqu’au jour où nous arrivâmes ensemble. Ma surprise fut grande lorsque je m’apercu que l’intérieur était plus que spartiate car il n’y avait que le siège conducteur. Je demandais à Jacky si sa solde de pilote était si peu suffisante qu’elle ne lui permette pas d’acheter une voiture équipée de ses 4 sièges, et il me répondit :

« C’est pas ça ! c’est ma femme qui ne veut pas que je prenne des auto-stoppeuses ! »

Bon, là j’ai pensé qu’il était dans le vrai car je ne vois pas l’intérêt d’enlever les 3 sièges juste pour faire croire le coup des auto-stoppeuses.

La prochaine fois, je vous raconterai comment , en Fouga, se faire faire des appels de phares par une voiture

 LES APPELS DE PHARES

Vol de contrôle radio avec Jacky comme pilote, un matin de je ne sais quelle date. Donc décollage en 34, tabassage obligatoire au dessus de la tour des Opiès avant de rejoindre les axes de travail entre Cavaillon et Apt. Une fois dans la place, c’est parti pour une demi heure d’essais radio suivi d’une autre demi heure, soit d’accro, soit de combat tournoyant avec quelques Fouga en maraude ou, mieux, avec un peu de chance, contre un Etendard de passage dans la région, bref, on s’attaquait à tout ce qui volait dans le coin. Or ce jour là : rien, aucune activité aérienne. Alors, comme on passait à environ 2000 pieds au dessus du Luberon, il aperçu une voiture qui roulait sur la « route des crêtes ». C’était une route de 5 à 6 km qui serpentait sur le sommet de cette petite montagne, dans ces années, on avait la possibilité de l’emprunter en voiture. N’ayant aucun aéronef à se mettre sus la dent, Jacky ne trouva rien de mieux que de s’attaquer à ce pauvre et paisible véhicule automobile. Il débuta donc son attaque par une passe arrière après un large virage. On était si bas que je reconnu dans l’hostile une DS 19 blanche. Remonté en chandelle et départ pour une attaque frontale au raz de la route (estimée 50 Ft plus bas). Fouga et DS, tout en se rapprochant l’un de l’autre à une vitesse frisant les 400 Km/h, se regardaient phare dans phare. Jacky eût la bonne idée de lui faire un appel de phare et, surprise ….. LA DS LUI RÉPOND !……Jacky, tout heureux de son coup dégagea en chandelle et nous quittâmes le lieu de notre méfait.

« J’espère que le chauffeur n’ira pas se plaindre ! » dis-je à Jacky.
« Ça m’étonnerait »

répondit-il tout hilare :
« …….le chauffeur, c’est ma femme !……. »
« ! ! ! ! ! ! ! ! !…… »


Pendant le retour, Jacky m’expliqua qu’ effectivement, habitant dans le coin, sa femme prenait souvent cette route pour aller faire des courses ou je ne sais quoi, et que, de loin, il avait reconnu sa voiture. En fait, l’histoire ne dit pas si il a fait cela pour faire un coucou à son épouse ou pour me bluffer. J’opterai pour la première hypothèse. Hypothèse renforcée par le fait qu’il lui arrivait quelquefois de venir au travail …..en DS 19 blanche.

La prochaine fois, une nouvelle aventure de Jacky dans les gorges du Verdon

 

VISITE DES GORGES DU VERDON

Pour ceux qui ne connaissent pas ce site, voici un topo de ce lieu très touristique. Ce sont des gorges d’une profondeur allant jusqu’à 100 mètres et en moyenne 200 mètres de large, creusées au fil du temps par le Verdon, petite rivière qui serpente à l’est de Manosque.
A l’occasion d’un pot, dans le hangar, Jacky était là, bien sûr, en grande discussion avec mon copain Jean Paul. Nous travaillions ensemble, son affectation à l’atelier radio était rescente et, c’est un fait établi, Jean Paul avait de la tchache, en tant que méridional original de Remoulin, petit bled près de Nimes. Le sujet de leur conversation tournait autour de la voltige en Fouga. Jacky lui assurait qu’il était capable (et l’avait déjà fait) de promener son Fouga DANS les gorges, Jean-Paul, avec force volubilité s’obstinait à ne pas le croire. A bout d’argument, Jacky Lui proposa de le vérifier à la prochaine occasion, et ils mirent en jeu une caisse de champagne.
Et le jour de la vérification vint. Jean-Paul, et Jacky arrivèrent à l’avion. Nous étions quelques-uns à les accompagner en tant que témoin de la scène et arbitre désignés pour le pari. Installation de l’incrédule et brêlage du même en place arrière, mise en route, taxi, décollage. Pendant une heure, nous attendions, guoguenard, le retour de nos deux parieurs. Le bruit strident du Marboré sur le parking nous annonçait le retour de Jacky et de Jean-Paul. Une fois les réacteurs stoppés, nous avons compris (mais nous le savions déjà) où était le vainqueur : en place avant. Le fait fût confirmé par Jean-Paul :

- Alors ?
- P ..taing ! j’ai perdu ! on était bien dedang et bien dedang ! Oh cong !

Par contre, je ne me souviens plus si Jean-Paul a honoré son pari….


La prochaine fois, je vous raconterai les incompatibilités d’humeur entre Jacky et le « bip train » du Fouga.

 

JACKY ET LE « BIP TRAIN » DU FOUGA


En principe, pour poser un avion, les procédures obligent le pilote, entre autre, à sortir le train, donc mettre la palette de train sur sorti et vérifier sur un indicateur «3 vertes allumées » ce qui confirme que le train est bien sorti et verrouillé et que l’atterrissage devrait bien se passer. Malheureusement, cela n’était pas toujours le cas, il arrivait quelquefois des atterrissages train rentrés (j’en ai vu) . Alors un jour, une nouvelle procédure fit son apparition dans l’Armée de l’Air. Après modification des avions, le pilote en finale devait annoncer à la tour « train sorti verrouillé » et appuyer sur un bouton « bip A2 » ce qui envoyait un signal radio à la tour, si bien que le contrôleur était informé 2 fois de l’état du train.
Bien sûr, la base de Salon devait, elle aussi, appliquer cette nouvelle procédure. Tous les pilotes des 4 escadrons s’y conformèrent …..sauf Jacky !
Un jour donc, il décolla pour un vol de contrôle en local. L’heure passée, il se présenta à l’initiale pour se poser ; baratin classique de la tour :

»…. la 34 en service, le vent dans l’axe 5 nœud, bla bla bla….confirmez bip train en dernier virage »

Et c’est là que les choses se gâtent car le contrôleur ignorait que Jacky était totalement réfractaire à toute modification de SES procédures habituelles…. Pas de masque à oxygène (Voir l’histoire des mégots volants), pas de gants et …pas de bip train : à l’ancienne quoi ! Mais le contrôleur ne le vit pas de cette façon, il s’accrocha à sa procédure et redemanda à Jacky de confirmer le train sorti et verrouillé par un coup de bip train encore 2 fois… sans résultat. Ce qu’il ne savait pas non plus c’est qu’il venait d’énerver notre Jacky qui , emporté par une grosse colère remit plein gaz, mit son Fouga sur la tranche, train sorti du côté de la tour, et tout en passant à quelques dizaines de mètres à l’horizontale des yeux du contrôleur, lui demanda par la radio, en termes un peu cru, de constater que son train était bien sorti….puis rétablit, refit un tour de piste et se posa….
L’histoire ne dit pas si sanction il y eût, ce que je sais c’est qu’après cette aventure, Jacky continua ses vols de contrôle comme avant.

Voilà, j’en ai terminé avec les histoires de Jacky (au fait, c’est son vrai prénom). C’était réellement une figure à cette époque. Mais rassurez vous, j’ai encore quelques histoires de piste à vous conter.

La prochaine fois, je vous raconterai la triste histoire des schumacks du GEP.

 

LES SCHUMACKS DU GERMaS/GEP

Voici l’histoire de deux événements qui, au départ, n’ont aucune relation entre eux et qui se télescopent à la fin.
C’est l’histoire de l’atelier des shumacks (entendez par là les mécaniciens cellule chargés de défroisser la tôle des avions accidentés,) du GERMaS de Salon pour le premier, d’un moniteur et d’un élève pour le second. Précisons au départ que ces deux groupes de personnes ne se rencontreront jamais.
6 mois avant cette aventure, un Fouga se posa train rentré. Pas de blessé, et l’avion a été jugé récupérable et réparable par l’atelier cellule (nos fameux schumacks, les carrossiers aéronautiques). Pendant ces 6 mois ils ont retapé le ventre de l’avion. 6 mois de galère. Je les ai vus à l’œuvre et, en silence on les plaignait car dériveter les plaques tordues, redresser des cadres, en changer d’autres, ajuster les tôles, riveter le tout c’était rockn’roll. Bref, 6 mois après, l’avion était prêt pour une seconde vie. Le vol d’essai fût demandé et l’avion décolla sans problème et toute l’équipe, après l’avoir regardé décoller, s’assit contre la porte du hangar, soulagé et heureux d’en avoir terminé avec ce damné Fouga.

Pendant que notre Fouga s’éloignait de la base, un autre, lui, s’apprêtait à atterrir, moniteur en place arrière, élève devant. Le moniteur demande à l’élève de sortir le train en secours. Ce dernier qui connaissait bien sa procédure bascula le sélecteur « normal – secours » sur secours, et actionna la pompe hydraulique à droite du siège jusqu’à l’allumage des « 3 vertes » Le moniteur fût satisfait et , à l’entrée de piste, c’est à dire à quelques secondes du posé, demanda à l’élève de passer sur « normal », ce qu’il fit…..Or, depuis le début de l’affaire, La palette de train était restée sur la position « rentré ». Un train, c’est binaire ! s’ il voit un sélecteur sur « normal » et une palette sur « rentré » : il rentre ! et ce qui devait arriver arriva : le Fouga se posa sur le ventre….. sous les yeux ahuris des pauvres shumacks.

Bon, résumons la situation, nous avons :
Un Fouga réparé
Un Fouga à réparer
Un moniteur qui s’est fait taper sur les doigts
Un élève pilote tout penaud
Une équipe de schumacks dégoutés.


La prochaine fois, je vous raconterai l’histoire de l’atelier radio qui veut se poser.

 

ATELIER RADIO CIRCUIT CONSIGNE

La phraséologie des échanges radio entre un avion et la tour ressemblait à cela lorsqu’un Fouga ( donnons lui l’indicatif RABE 26) voulait atterrir :

« A MIREILLE de RABÉ 26 initiale, fin de mission, circuit consignes »
et la tour (indicatif MIREILLE) répondait
« RABÉ 26, QNH 1013, piste en service la 32, le vent dans l’axe 3 nœuds, Rappelez en dernier virage…. »
On entendait cette mélopée toute la journée…. Sauf pendant le déjeuner, et c’est à ce moment que le gag se produisit, il était aux alentours de 12H30. Jean-Paul et moi même étions de permanence à l’atelier radio quand l’idée vint à JP de mettre un VHF en fonctionnement sur la fréquence de la tour, tout en sachant que c’était notre copain Alain qui assurait, lui, la permanence MIREILLE. L’activité aéronautique était en sommeil pour l’instant et on devinait une certaine somnolence à la tour. Mais cette quiétude fût sauvagement interrompue :

« A MIREILLE d’atelier radio, initiale fin de mission, circuit consigne…. »

On devinait le branle-bas là haut et l’agacement d’Alain devant cet intrus qui venait de perturber sa sieste.

« AAAAtelier radio, le QNH 1013, la piste en service la 32, le vent dans l’……BANDE DE C.. ! »

Jean-Paul, un grand gamin de 20 ans partit dans un grand éclat de rire. L’échange radio qui suivit n’eût rien de protocolaire, car on avait, du côté de l’atelier radio, un farceur hilare et à l’autre bout de l’antenne, un contrôleur pas content d’avoir été dérangé dans sa sieste et d’avoir été surpris en flagrant délit d’inattention. Bon, OK ils étaient copains ! mais quand même ! ça ne justifie pas le massacre d’une sieste !


La prochaine fois, vous apprendrez comment gonfler une manche à air

 

LES GONFLEURS DE BIROUTE.

Vous connaissez tous le gag de la clé du champ de tir, du marteau à bomber le verre ou la lime à épaissir. Mais connaissez vous la manche à air gonflable ? (communément appelée biroute)

C’était une spécialité de la base de Salon que devait goûter tout nouvel arrivant muté à la tour de contrôle. 2 ou 3 jours après leur arrivée, le « nouveau » se voyait confier une mission importante par le chef de quart :

« Bon voilà, pour atterrir, les avions ont besoin de connaître la direction du vent. Or, tu vois, aujourd’hui la biroute est dégonflée pasqu’y a pas de vent. Voilà une pompe à vélo. Tu vas voir, à environ 10 cm du mât, en direction du nord, tu trouveras une valve. Tu branches la pompe et tu gonfles «

Et notre victime de parcourir à pied les 400 mètres qui séparent la tour de la valve sous les sarcasmes des « anciens » restés en poste, là haut, jumelles rivées sur les yeux. Et que je te tourne en rond autour du mât, et que je te cherche cette f…. valve que je ne vois pas. Retour du gonfleur bredouille sous les énervements feints du chef de quart qui ré-explique la manip et renvoie le pauvre diable avec des précisions complémentaires permettant de trouver infailliblement la sacré valve. Ce petit jeu devait durer pendant 4 à 5 allers-retours, et juste avant que le petit scarabée n’envisage le début de la fin d’une carrière de contrôleur, le gag se termine dans un grand éclat de rire façon Beliveau. On profite de l’occasion pour expliquer au bleu que c’est le vent qui gonfle la biroute et pas la pompe…..


La prochaine fois, vous ferez connaissance avec la fille de l’AGA

 

LA FILLE DE L’AGA

Décidément, les contrôleurs de Salon étaient de bien jolis farceurs. Dans la lignée du gonflage de biroute, nos joyeux drilles en avaient une autre qu’ils réservaient, là aussi aux jeunes contrôleurs qui, comme chacun sait, ne connaissaient rien de leur boulot en sortant d’école. Ajoutons que ce sentiment n’était pas spécifique à cette spécialité, mais touchait tous les jeunes sergents affublé d’un brevet élémentaire tout neuf.

Or donc, voici bien que la tour venait de se voir affecter un bleu. Lui, échappa à la pompe à vélo, mais fût contraint d’aller abreuver « la fille de l’AGA. » Mais d’abord, c’est quoi l’AGA ? C’est un système de radionavigation parlant, installé dans un shelter posé à coté de la piste. Sur ce shelter, un réseau d’antennes transmettait en permanence des informations de cap sur une fréquence VHF. Les caps étaient transmis en phonie par une voix féminine enregistrée. Quand on écoutait l’AGA sur sa fréquence, on entendait » la fille de l’AGA » nous passer le cap à prendre pour rejoindre la base. 

La blague consistait à demander au bleu contrôleur d’aller porter une glute* à la fille enfermée dans le shelter……Le scénario ressemblait trait pour trait au gag de la biroute. Le pauvre contrôleur devait faire quelques aller retour entre la tour et le shelter distant d’environ 500 m. et de s’évertuer à essayer d’ouvrir la porte fermée à clef et de hurler pour essayer d’attirer l’attention de cette f…. fille qui, trop absorbée par son boulot , n’entendait rien.
Décidemment le métier de contrôleur comportait bien des vicissitudes.

 * boisson gazeuse à base de houblon, légèrement alcoolisée élaborée dans une brasserie.

GAG EN TUBE

Les gags n’étaient pas l’exclusivité de la tour de Salon, au GERMaS, on avait aussi de l’humour. A l’atelier radio où j’exerçais mes talents, on révisait et réparait les équipements des Fouga, du Noratlas et du Mystère IV stationnés à demeure sur le site ainsi que les avions de passage, sans oublier « l’armée de l’air en papier »de la base constituée de STORCH remorqueur, et de NC 856 NORVIGIE (le GROB 120 de l’époque). A cette époque, 80% des équipements étaient encore à tubes électroniques, le transistor commençait à pointer le bout de son nez, tant qu’au microprocesseur, le mot n’existait même pas chez nous. Ces tubes avaient des références à base de chiffres et lettres comme ceux-ci : 12AT7WA – 3Q5GT – G3TP – QQE04/20….Quand on avait besoin d’un tube pour dépanner un équipement, on allait au magasin voir l’adjudant préposé au ravitaillement technique, on remplissait un bon avec la référence du tube et on ressortait de son magasin avec le précieux composant.

Or un jour, avec Jean Paul, il nous vint l’idée d’un gag. On rempli donc le fameux bon en demandant un tube électronique « référence : GTT1Q »….
Arrivé au magasin nous tendons le fameux bon à l’adjudant magasinier.

- GTT1Q ! c’est quoi ça comme tube : français ? américain ?
- ???
- Bon ! voyons dans le répertoire des tubes français………………rien………….
le répertoire des tubes américains………………………………
l’est pas là d’dans ………………………………………….
Bon, reprenons…. Répertoire des répertoires…….
.etc… etc….

Et au bout de 10 mn de recherches infructueuses

- MENFIN ! c’est quoi ce tube ???

Jean-Paul et moi nous nous retenions pour ne pas nous esclaffer ; et tout d’un coup

- BANDE DE P’TITS C……...Ah c’est malin ! z’avez pas autre chose à faire ! C’est mon pied au GTT1Q que vous allez prendre !!!

Heureusement qu’il comprenait la plaisanterie car non seulement il nous en a pas voulu, mais il a été reproduire le gag chez d’autres collègues magasiniers.

La prochaine fois, je vous apprendrais comment se servir d’un P47 (je dis bien : un P47 thunderbolt) pour déboucher une bouteille de champagne.

 

JUG AU CHAMPAGNE

Cette histoire m’a été contée par un vieux briscar qui l’a vécue. Elle se situe dans les années 50 sur une base de chasseurs. Mais avant, replaçons-nous dans le contexte de cette époque.
La guerre 39/45 venait de se terminer. De nombreux navigants s’en sont sorti sans trop de dommage. Certains, estimant qu’ils faisaient du rab, ou, accro à l’adrénaline, en profitait pour continuer à se faire peur à travers des paris » border limit »

La majeur partie de ces histoires prennaient leur origine au bar de l’escadron :

- Moi, j’te dis que j’le fais.

- T’es pas capable de la décaniller !

- Ben tu vas voir : mets moi une bouteille de champagne su’ l’ coin du toit du hangar, et tu vas voir si j’la dégomme pas ! On s’retrouve demain matin su’ l’ parking.

Et le lendemain matin, à la fraîche, tous les antagonistes de cette pièce sont rassemblés sur le parking pour voir un pilote tout équipé se diriger d’un pas décidé vers un P 47 en vérifiant bien qu’une bouteille de champagne trônait en haut du hangar. Le temps de la mise en route, le temps du réchauffage du moteur et le temps que toutes les pendules se mettent à l’heure sur la planche de bord et l’avion commence son roulage vers la piste. Au bout d’un moment le hurlement des 2000cv signale le lâcher des freins. Après son décollage le JUG fit un grand tour pour prendre ses marques puis, le voilà en radada face à la bouteille. Sur le parking l’angoisse est à son paroxysme ; non pour la dangerosité de la manip mais pour savoir si ce furieux allait réussir son pari. Et bien oui ! A environ 300 km/h , avec le bout de l’aile, il percute…..la bouteille , exécute un savant pill-off et va se poser sous les hourras des spectateurs……

Entre descendre un 109 ou un FW 190 et descendre une bouteille de champagne sur le coin d’un hangar, les seuls points communs sont la vie ou la mort…..

La prochaine fois, et dans le même ordre d’idée, je vous raconterais comment d’autres furieux considéraient le radada aquatique.

 

HÉLICES A L’EAU

C’est un vieux sergent chef (appelons le Jean) mécanicien radio qui a vécu cette histoire authentique. Elle se situe dans les années 50…..cinq ans après la fin du conflit 39/45. (pour l’état d’esprit de certains équipages, lire l’histoire précédente)
Ainsi donc Jean, fût désigné pour aller dépanner un avion à quelques centaines de kilomètres de sa base. Il dût donc emprunter un Dakota qui justement se rendait sur cette base. Au jour dit, Jean et l’équipage de vieux briscards du transport embarqua à bord du C47. Le décollage se passa normalement, et le navigateur fit prendre le cap vers la base arrivée. A ce niveau de l’histoire, il faut préciser qu’une partie du trajet se passe au dessus de la mer. Justement, on y arrive et ce survol maritime donne des idées saugrenues à l’équipage. Effectivement, Jean entend dans ses écouteurs le dialogue suivant entre le pilote et le copilote :

- A celui qui trempe les hélices le plus profond dans la flotte !!

- D’accord ! Je commence !.....

Et, Jean, quand même inquiet voit son Dak s’approcher tout doucement de la mer jusqu’à ce que le bout des pales des hélices s’enfoncent dans l’élément liquide, provoquant de grandes gerbes d’eau. Cette manip dura assez de temps pour que Jean sente des gros paquets de sueur lui couler de partout.

- Ah là j’étais plus profond que toi !

- Bon ! à mon tour ….alors, maintenant ?

Et ainsi de suite ; Et notre pauvre Jean qui se faisait un sang d’encre. Nos joyeux lurons continuèrent encore leur roulette russe jusqu’à ce que l’instinct de conservation les ramène à la raison au grand soulagement de Jean. Le reste du vol se déroula, parait-il, dans la sérénité.
C’était encore l’époque où on pouvait se permettre des frissons…

 

LE NORATLAS SUPERSONIQUE

Encore une histoire vraie. Elle se passe à l’Anjou …. Ou peut-être au Vercors, les deux escadrons de transport qui volent sur NORD 2501 (la grise) à Reims dans les années 70.

Pour la bonne compréhension de l’histoire, il faut préciser que quelques temps avant cette aventure, le patron de l’escadron de transport fût invité par le patron d’un escadron de blindés stationné dans la région. Comme l’accueil  dût être cordial, l’invitation fût retournée. Un jour  donc, notre commandant « terre » se fit cornaker par son homonyme « air » : Visite des installations, en piste, au GERMaS et visite d’un Noratlas. Puis vint la proposition :

-Voulez vous faire un tour de Nord en local ?

-  Mais avec plaisir !!

A l’instant, un équipage fût « réquisitionné » pour promener le commandant biffin. On prépare l’avion, on s’installe, pilote, copilote et mecano-nav, l’invité pris place sur le siège du navigateur. Mise en route sans histoire, roulage, point de manœuvre, alignement, décollage. Le commandant biffin est ravi et au  bout de 5 minutes de vol le gag se met en place :

-  Voulez vous que l’on passe le mur du son !  

 propose le pilote ! Surprise du visiteur qui ne peut qu’acquiescer. A cet instant, le mecano-nav s’éclipse discrètement dans le cargo, se saisit d’un lourd marteau et attend. L’avion est mis en descente, les moteurs sont à 2400 tours, les hélices plein petit pas. Tout cela fait un bruit d’enfer, qui dure une dizaine de seconde jusqu’au moment où le mecano-nav donne un grand coup de marteau sur le plancher en bois du cargo. A ce moment, le pilote redresse l’avion, réduit les tours et le pas de l’hélice et déclare très calmement

-  Voilà, on vient de passer le mur du son !

Le retour se passa normalement. Notre passager se voyait déjà raconter à ses copains son aventure supersonique.

Avant de quitter la base, le commandant invité offrit un pot de remerciement au patron de l’escadron et à l’équipage. Il fit un petit discours où il remercia toutes les personnes qui se sont investies au cours de la visite et particulièrement l’équipage du Nord qui avait même poussé la gentillesse jusqu’à passer le mur du son…….Le commandant de l’escadron faillit s’étrangler en entendant cela, mais ne releva pas sur le moment. Par contre, après le départ de l’invité, l’orage éclata dans son bureau. Une sérieuse remontée de bretelle agrémentée d’un passage par la case prison tomba sur les épaules de l’équipage farceur pour le motif « d’abus de confiance »

Décidemment, ces commandants d’escadron n’ont pas d’humour !

 

CHEZ LES ARPETES DE SAINTES EN 1961

Je suis rentré à l’école de Saintes en 1961 juste vers la fin de la « guerre » d’Algérie. L’encadrement de l’époque était essentiellement composé, entre-autre, de sous-officiers rentrant de leur séjour en AFN, et pas mal de rescapé de l’Indochine. Si pour certain leur séjour étranger fût comme un genre de « club med » (ou tout au moins ce qu’ils en ont gardé et restitué), pour d’autres ce sont des séquelles psychologiques qu’ils ont ramenées, et comme mecano, le commandement ne pouvait plus les affecter en unité, ils furent donc dirigés vers les écoles comme moniteurs en atelier. C’est donc 3 histoires de ces anciens que je vais vous raconter.

 

LE VELO EN PRISON

L’adjudant chef Bernard était chef d’atelier et, tous les midis, comme tout un chacun, nous allions à nos mess respectifs pour déjeuner. Bernard, lui, s’y rendait en vélo. Et naturellement, après l’apéro, le repas, le café et le pousse café (si si, à l’époque ça se pratiquait !) il enfourchait son engin et retournait travailler. Or un jour, ayant probablement un peu trop chargé la mule après le café, sur le chemin du retour, alors qu’il croisait ma section, s’installa un sérieux conflit entre le taux d’alcoolémie de Bernard, le centre de gravité de l’ensemble Bernard/vélo et le polygone de sustentation du même ensemble. Ce qui devait arriver, arriva, dans un virage, on entendit un grand bruit de ferraille, une tripoté de jurons, le tout au milieu d’un nuage de poussière, ce qui, naturellement engendra de gros éclats de rire dans la section. Quelques éclats touchèrent même la fierté de Bernard qui reprit son chemin à pied tout en maugréant.

Le comique de cette histoire n’est pas encore là. Mais quelques jours plus tard, nous apprenions que Bernard, vexé jusqu’à l’os, avait mis un motif de punition de 6 jours d’arrêt …..à son vélo sous le prétexte de l’avoir fait tomber.

 

EN JU 52, RAZ LES TRANCHÉES VIET

A son retour d’Indochine, le sergent chef Charly fut affecté à Saintes après quelques autres affectations. Il était instructeur à l’atelier d’ajustage où nous passions des heures à pousser la lime sur un bloc de fer. Charly passait  au milieu de nous, donnant ses conseils, rectifiant un mauvais coup de lime. Et quelquefois, il se racontait. Ce jour là, un peu plus prolixe que d’habitude, Charly nous raconta une de ses aventures indochinoise, nous étions une demi-douzaine de gamins à l’écouter.

- On nous engage dans une mission commando. Il fallait faire des prisonniers

        « Pas d’problème chef ! On fonce ! »

On avait donc décollé de Nah-Trang en JU 52, moi j’étais dans le cargo à surveiller le sol cramponné dans l’encadrement de la porte qui avait été démontée. Une demi-heure après le décollage on survolait une zone hostile, BOURRÉE DE VIETS !

Frissons dans les rangs.

- Tout d'un coup, j’aperçois une tranchée ennemie et, dedans, des bonhommes qui commençaient à s’agiter. Je demande au pilote de passer au dessus de la tranchée en radada, il m’écoute. Alors que le JU 52 remonte la tranchée sur la tranche, je tends la main et j’agrippe un viet par le col de son treillis et je propulse dans l’avion…..On venait de faire un prisonnier. Le retour : sans histoire …..

Esbaudissement général des six. En fait, nous n’avions que 16 ans, et à cet âge, on reste encore crédule. Cet exploit, à faire pâlir tous les Rambo, nous paraissait extraordinaire, nous n’avons jamais mis en doute sa parole jusqu’au jour, où quand même !.........

 

 

HISTOIRE DANS LE VENT (ou la suite des jaunes aventures de Charly)

Sacré Charly, il nous en a raconté des bonnes quand même !

Toujours à l’atelier d’ajustage, toujours à pousser la lime sur un bloc de ferraille et toujours Charly à passer parmi nous pour vérifier les cotes de nos pièces, et puis, de temps en temps, son histoire en Indo. Aujourd’hui, on a droit à l’attaque de la colline. Charly, embusqué dans une « position préparée », (lire : un trou) au sommet d’une colline, devait surveiller et interdire l’accès au sommet. Pour assurer cette importante mission, il était le chef d’une équipe de trois gaillards armés d’un fusil mitrailleur : le fameux F.M. 24/29. Charly était chef de pièce, ses collègues étaient, pour l’un tireur et pour l’autre pourvoyeur. Ils étaient donc en surveillance lorsque, au bout d’un moment, un vent violent se mit à souffler face à eux. Fort heureusement, le trou dans lequel ils étaient allongés leurs procurait une relative protection car ce p… de vent emportait tout sur son passage.

Et c’est à ce moment que l’ennemi choisit pour attaquer. Ils virent monter vers eux une horde de viets vociférant et hurlant. Leur sang ne fit qu’un tour,

-          Feu à volonté  commanda Charly.

Le tireur commença à tirer …..MAIS LE VENT ÉTAIT SI VIOLENT, QU’IL EMPÊCHAIT LES BALLES DE SORTIR DU CANON !!!!!

 

Et nous, comme d’habitude, du haut de nos 16 ans on gobait ces histoires. Le pire, c’est qu’il ne se moquait pas de nous ! Il a réellement vécu ces exploits…..dans sa tête.

NOTA : Le fusil mitrailleur en question est du modèle F.M. 24/29 (c'est-à-dire conçu en 1924, modifié en 1929) J’ai tiré avec, c'était franchement rock and roll. Son remplaçant , l'A.A 52 apparût ......en 1952

 

LES 5 Kg DE COMPOTE

Oui, c'est un fait, en 1962, tous les arpètes que nous étions, nous avions faim. Aussi c'était la débrouille pour se remplir l'estomac. Parmi les nombreuses combines, il y en avait une qui consistait à entrer subrepticement dans les réserves des cuisines pour y barboter de quoi manger. Nous avions jeté notre dévolu sur des boites de 5 Kg de compote. En général, une boite par chambre nous durait une bonne semaine. Nos escapades nocturnes durèrent quelques semaine jusqu'au jour où.......... notre copain nous a ramené notre boite de 5 Kg que nous décidâmes d'entamer. Notre déception fût grande car la moutarde avait remplacé la compote !.......Pour endiguer les larcins des voyous que nous étions, les cuisiniers avaient tout simplement croisé les étiquettes des pots. Le résultat fût immédiat.... plus d'équipées nocturne dans les réserves.

 

AH LES HÔTESSES DE L’AIR !

Cette histoire m’a été raconté par un ancien commandant de bord (Air France ? Air inter ? je ne me souviens plus)

A cours d’une rotation, l’équipage embarque une jeune hôtesse dont c’est le premier vol. Elle était toute émoustillée à l’idée de voler. Pendant le vol, elle était souvent en cabine de pilotage et, très curieuse demandait au commandant de bord :

« A quoi ça sert ça ? »

« ça, ça sert à ….. »

« « Et ça ?……et ça ?…..et ça ? »

Visiblement notre hôtesse commençait à agacer le commandant qui trouva le truc pour s’en débarrasser.

« Et ça ? »

-          Ça, c’est le public adress, ça me sert à faire des annonces aux passagers. Tenez vous allez voir !…..

Le commandant fit mine d’enclencher le public adress et annonça :

-          Ici votre commandant, une de nos hôtesse n’a pas de culotte, devinez laquelle !

Et notre pauvre hôtesse, vexée jusqu’à l’os quitta la cabine de pilotage dans un grand claquement de porte. Quelques secondes plus tard, quand le commandant estima que sa victime était au beau milieu des passagers, il enclencha réellement le public adress et s’adressant à tous les passagers , et à la fameuse hôtesse, annonça :

- C ‘est elle !……

Je ne vous raconte pas l’ambiance sur le reste du vol !

 

 

LA FIAT DU CAPITAINE ET LA GRAVITÉ

Si la plupart des gags relatés plus haut sont spontanés et dictés par les circonstances, il en est d’autres que l’on pourrait qualifier de gags machiavéliquement préparés à la façon de la « caméra cachée ». C’est un de ceux-ci que je vais vous raconter.

Cette histoire se passe sur la base de Reims dans les années 75, à l’époque des Mirage F1C. L’entrainement des pilotes leur imposait fréquemment des vols de nuit. Les avions décollaient vers 21/22 heures, quand la nuit était bien établie, et les parkings sommairement éclairés. Le retour avait lieu vers les 23/24 heures. Là, le pilote allait signer la « formes 11 », allait faire un débriefing de son vol, et une fois ces obligations remplies, il rentrait chez lui en voiture.

Il y  avait donc dans un des deux escadrons un capitaine qui venait au travail dans une petite FIAT 500 rouge. Or, un jour, ou plus exactement, un soir, il fut désigné pour effectuer un vol de nuit. Naturellement, ce vol a été programmé quelques jours à l’avance, ce qui a permit à notre équipe de joyeux farceurs de préparer leur forfait. La première chose fût de faire les casses de voitures pour acheter une épave de FIAT 500. Elle fût discrètement ramenée sur la base pour une petite toilette et une belle peinture rouge. Le soir fatidique, le capitaine arriva donc dans sa FIAT, la gara derrière le hangar de l’escadron, et prépara son vol.  Un bon moment après, vêtu de son habit de lumière, il se dirigea d’un pas souple et décidé vers le F1 que la mécanique lui avait attribué pour ce vol. Le décollage se passa sans histoire, et les farceurs avaient donc une bonne heure devant eux pour passer à la deuxième phase du gag. Pour ce faire ils eurent besoin du camion grue (le ramasse miette) pour hisser la fausse FIAT sur le toit des bureaux accolés au hangar, bien visible du parking avion. Signalons au passage que cette construction avait un étage. En parallèle, une autre équipe s’emparaient de la vraie FIAT et allèrent la cacher dans un coin de la base. Tout était prêt pour la troisième  et dernière partie de la farce, il ne manquait plus que le retour du capitaine. Tiens ! Justement, c’est lui qui rentre !

D’un pas un peu moins alerte qu’à l’aller, notre capitaine se dirigeait vers le bureau de piste pour la paperasse obligatoire. Comme par hasard, sur le trajet, une poignée de mécanos goguenards essayaient d’attirer son attention vers le toit du bâtiment. Et ce qui devait arriver arriva, le capitaine  leva les yeux et eut un haut le cœur en voyant « sa FIAT » sur un drôle de parking improvisé. N’appréciant pas forcément le gag, il demanda en des  termes  choisis qu’on lui descende sa voiture sur le champ. Affolement feint chez la mécanique qui, à l’instant ramena le camion grue au pied du bâtiment pour descendre la rouge automobile.

 

On attacha donc la FIAT au palan de la grue……mais intentionnellement mal si bien qu’une fois dans le vide au sommet de la grue, l’attelage lâcha, et la gravité fit le reste. Dans un grand fracas, la pauvre voiture explosa une fois arrivée au sol. Vous imaginez sans peine la tête du capitaine maudissant ces p……de mécanos qui méritent bien quelques jours de prison.

Et puis, que vit-il sortir de derrière le hangar,… une FIAT rouge, pas cassée, et qui roule. Au bout de quelques secondes d’incompréhension, le capitaine compris qu’il avait été victime d’un gag.

Et, comme chez Beliveau, la farce se termina dans un grand éclat de rire.

 

MORT AUX C…

C’est l’histoire d’un mec, il s’appelait Raymond. Bien que sortant du cadre de l’aéronautique militaire est, elle aussi, authentique. De plus elle a été relatée dans je ne sais plus quel numéro du » Fana ». Je connais très bien Raymond : c’est mon père… C’était, lui aussi une grande gu….et un bon pilote puisqu’il est mort dans son lit…

L’histoire donc, se déroule sur l’aérodrome d’Avrillé, près d’Angers dans les années 60. A cette époque, mon père travaillait à son compte. Il était chef et unique pilote moniteur de sa petite école de pilotage. A l’occasion, il faisait également du remorquage de banderoles publicitaire. C’est dans cette activité que l’histoire se situe.

Un jour, coup de téléphone d’un client qui lui demande de promener une banderole pour vanter les qualités d’un produit de sa société. Par contre, ce client insista pour que le travail fût réalisé dans l’urgence. Mon père téléphona donc au bureau idoine de l’Administration préfectorale pour demander une dérogation de temps en vue d’être en règle au niveau des autorisations de survol. En gros, il demandait de compresser 15 jours de formalités administratives en 2 jours.  Mais l’administration, du moins à cette époque, n’avait aucune idée du comment compresser  le temps, aussi, la réponse fût cinglante :

 

-‘pas l’ savoir, 15 jours c’est 15 jours !

 

La réponse à la réponse fût aussi cinglante :

 

- Mort aux c… 

 

 Et enfin, la réponse de la réponse à la réponse :

 

 - Écrivez-nous-le ! 

 

Pas content du tout, mais bien décidé à prendre au mot ce fonctionnaire, maudissant l’Administration qui venait de lui faire perdre un client, le papa s’affaira dans la foulée sur ses banderoles, en construisit une pas commune, l’installa entre ses deux piquet, grimpa dans son Cessna, le mit en route, décolla, accrocha sa banderole et promena cette dernière autour d’Angers pendant un long moment et de préférence au dessus de la préfecture là où sévissait le zélé fonctionnaire. Cet événement fut immortalisé par je ne sais qui, mais voici le résultat…..

PHOTOS001

 

 

Le curieux de l’affaire est qu’il n’y eût aucune suite ni poursuite gendarmesque….Allez comprendre l’Administration de cette époque. Les temps ont bien changé n’est-ce pas !

 Nota : cela fait 50 ans que cette photo traîne dans mon portefeuille, ce qui explique son état

 

J'AI PILOTÉ UN FOUGA AVEC LA P.A.F.

Cette aventure pas ordinaire s'est passée le 3 mars 1966 au retour d'une mission Salon Toulouse Blagnac. Mais revenons quelques jours en arrière pour expliquer cette aventure.

La base de Salon était en train d'échanger ses vieux Fouga marboré 2 contre des marboré 6 tout neuf. Sur ce dernier, la radio avait subi d'importantes modifications : un radio-compas et un téléphone de bord transistorisés, un IFF, un UHF et un VOR. Les parties fixes du VOR (câblage, rack etc...) étaient montées en usine, mais les parties mobiles (récepteur, boites de commandes, indicateurs et antennes nous arrivaient en containers. Mon copain Jean-Paul (celui des gorges du Verdon) et moi même, après un stage de formation chez le fabricant (Socrat) furent désigné pour installer ces parties mobiles sur chaque Fouga, procéder aux essais sol et......faire un vol d'essai sur chaque appareil. Comme Jean-Pauln'avait aucune envie de voler, c'est très très volontiers que j'assumais le rôle de « testeur de VOR en vol » À la demande du contrôleur radio des services techniques Il m'a fallu rédiger une fiche d'essais que je devais remplir à chaque vol, Ainsi l'équipement des Fouga put démarrer.

Nous étions à notre 9° installation quand un jour, JP et moi venions d'installer les parties mobiles sur le Fouga n° 485. La chose étant faite, nous passâmes aux essais sol. Rapidement on constata que l'installation ne fonctionnait pas. On procéda à l'échange du récepteur, même résultat. Après quelques investigations, on s’aperçut que 2 câbles coaxiaux avait été croisés en usine. On rend donc compte au contrôleur qui déclencha le retour en usine.

Quelques jours après, Ce mardi 3 mars je rejoins le « 485 » et son pilote le sergent Daniel sur le parking du GERMaS. On s'installe, et en route pour les usines Potez à Blagnac. Le vol se passa dans de bonnes conditions jusqu'à Toulouse. En vent arrière avant d'atterrir, nous avons eu l'occasion de voir l'image de Concorde peinte en blanc sur le parking de Sud Aviation. C'était la première fois que l'on pouvait deviner du ciel l'imposante masse de ce formidable liner . Bref, on atterri, roulage vers le parking Potez où une équipe de piste nous attend. Pendant que notre Fouga disparaît dans un hangar, un représentant de la Communication nous prend en charge pour une visite des installations. Vers midi, Daniel et moi même somme convié à prendre le déjeuner au restaurant de direction. Arrivé au restaurant, en combinaison de vol, nous avons la surprise de voir que nous ne somme pas les seuls invités....en provenance de la base de Salon ! Il s 'agit en fait des pilotes de la PAF , venus avec leurs Fouga pour assister à une réunion avec le Bureau d'Étude Potez pour mettre au point un circuit fumigène plus sérieux que le circuit bosniaque utilisé jusqu'alors. Le repas se déroule en toute convivialité, et vint l'heure du retour en Provence. En arrivant sur le parking : surprise ! Notre 485 côtoie sans vergogne les 6 fouga PAF. Le cne Roger, leader en titre nous propose de rentrer ensemble, ce qui, bien sûr ne se refuse pas ! Donc nous voilà en l'air. Le dispositif se met en place. La nôtre, c'est extérieur à athos 6 lui même extérieur droit. Nous volons donc en marge de la PAF ! Cela fait un quart d'heure que je suis sur mon petit nuage quand Daniel me propose de prendre le manche. Alors là, mes amis, c'est le Nirvana ! J'informe Daniel que je prend les commandes, manche en main droite, et manettes des gaz en main gauche (le HOTAS quoi!) J'ai les yeux fixés sur Athos 6 à ma gauche. J'ai l'impression de monter une mayonnaise tellement je secoue le manche. Franchement ce n'est pas évident de tenir sa position dans une patrouille pour la première fois, mais tout se passe bien. Au bout d'une dizaine de minutes, la mayonnaise étant bien prise, je rend les commandes à Daniel et on fini le voyage sans histoire. Une fois posé à Salon, la PAF rejoint son parking, et nous, notre parking du GERMaS. J'ai vivement remercié Daniel pour m'avoir fait vivre ce moment aéronautique. Un dernier point : avant cette journée, Daniel et moi ne nous connaissions pas !

 

 

 

 

 

 

 

 

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